Les derniers mois n'ont pas été des plus cléments pour le vétéran de l'industrie du jeu vidéo qu'est Ubisoft. En dépit de critiques majoritairement positives, le récent lancement de Star Wars Outlaws s'est avéré être un cuisant échec commercial, entraînant une chute vertigineuse de l'action de l'entreprise à son plus bas niveau depuis une décennie. Cette déconvenue s'ajoute au report à février 2025 du très attendu Assassin's Creed Shadows, initialement prévu pour novembre 2023, dans un contexte de controverses à répétition.
Ubisoft au Bord du Gouffre : Appels au Rachat
Face à ces revers critiques et commerciaux, les investisseurs n'ont pas tardé à réclamer des changements radicaux au sein de l'entreprise. Certains ont suggéré qu'Ubisoft redevienne une société privée, un statut qu'elle avait abandonné en 1996. D'autres ont carrément exigé la démission du PDG actuel, Yves Guillemot, fils du fondateur, arguant qu'un vent de renouveau était indispensable.
Parmi les mesures préconisées figurent également une réduction massive des effectifs - synonyme de nouvelles vagues de licenciements - ainsi qu'un recentrage stratégique sur les franchises phares telles que Rainbow Six Siege, Assassin's Creed et Watch Dogs. Une stratégie qui, selon ses partisans, permettrait à Ubisoft de retrouver ses lettres de noblesse.
Tencent et la Famille Guillemot à la Rescousse ?
Selon des sources proches du dossier citées par Bloomberg, deux acteurs majeurs envisageraient sérieusement un rachat d'Ubisoft : le géant chinois Tencent Holdings Ltd. ainsi que la famille fondatrice Guillemot. Si cette opération venait à se concrétiser, elle pourrait constituer un véritable bol d'air frais pour stabiliser la valeur boursière chancelante de l'éditeur français.
Les représentants des deux parties n'ont pour l'heure ni confirmé ni infirmé ces informations. Néanmoins, la simple évocation de cette hypothèse a suffi à regonfler l'action Ubisoft d'environ 33% à la Bourse de Paris, soit sa plus forte hausse depuis 1996.
Origines et Essor d'un Géant du Jeu Vidéo
Avant d'explorer plus en détail les tenants et aboutissants de cette éventuelle transaction, il convient de revenir brièvement sur l'histoire d'Ubisoft, véritable poids lourd de l'industrie ludique.
Des Débuts Modestes aux Premiers Succès
C'est en 1986 que les frères Guillemot, originaires de Caen, jettent les bases de ce qui deviendra l'un des plus importants éditeurs de jeux vidéo au monde. À ses prémices, l'entreprise baptisée Ubi Soft se concentre principalement sur le développement de titres pour PC et la distribution de jeux sur consoles portables.
Ce n'est qu'en 1995 que la société connaît son premier véritable succès commercial avec la sortie de Rayman sur PlayStation. Porté par des franchises désormais cultes comme Splinter Cell, Assassin's Creed ou encore Prince of Persia, Ubisoft (nouveau nom adopté en 2003) ne cesse de gagner en envergure au fil des années.
Une Présence Mondiale Incontournable
Aujourd'hui, le groupe français rayonne bien au-delà des frontières hexagonales. Outre son siège historique de Saint-Mandé, il compte de nombreux studios de développement répartis sur plusieurs continents, parmi lesquels :
- Massive Entertainment (Suède)
- Ubisoft Paris (France)
- Ubisoft Québec (Canada)
- Ubisoft San Francisco (États-Unis)
- Blue Mammoth Games (États-Unis)
- Red Storm Entertainment (États-Unis)
Véritable empire, Ubisoft chapeaute ainsi des équipes d'envergure internationale, à l'origine de certaines des licences les plus emblématiques du jeu vidéo contemporain comme Rainbow Six, Far Cry ou encore The Crew.
Yves Guillemot, fondateur d'Ubisoft
Quel Avenir pour la Firme Tricolore ?
Si le rachat par Tencent et la famille Guillemot venait à se concrétiser, nul doute qu'il marquerait un tournant décisif pour Ubisoft. Mais d'autres options restent sur la table, laissant planer le flou sur le devenir de l'éditeur français.
Un Renouveau Nécessaire
Une chose est sûre : le statu quo ne semble plus être une option viable. Que ce soit via un rachat, un changement de direction ou une réorganisation en profondeur, la plupart des observateurs s'accordent à dire qu'Ubisoft doit impérativement se réinventer pour retrouver les sommets.
Les défis à relever sont de taille : regagner la confiance des investisseurs, redresser la barre commerciale, et surtout, renouer avec l'innovation qui fut jadis la marque de fabrique de la firme. Une mission ardue, mais pas impossible pour qui saura tirer les leçons des erreurs passées.
Quel Rôle pour Tencent ?
L'implication potentielle du mastodonte chinois Tencent dans le rachat d'Ubisoft ne manque pas de soulever des interrogations. Déjà très présent sur le marché du jeu vidéo, le géant asiatique pourrait bien voir dans cette opération l'occasion de renforcer davantage son emprise.
Cependant, rien ne permet d'affirmer avec certitude que Tencent cherche à prendre le contrôle total d'Ubisoft. Une participation minoritaire, visant simplement à redresser la barre financière de l'éditeur français, est tout aussi envisageable.
Les Guillemot, Gardiens du Flambeau ?
Quant à la famille fondatrice Guillemot, son éventuel rachat pourrait être perçu comme un pari sur l'avenir, voire un dernier baroud d'honneur pour sauver la société de la déroute. Faut-il y voir un geste d'amour-propre de la part des créateurs d'Ubisoft ? Ou bien une décision avant tout financière, motivée par les perspectives de redressement ?
Seul l'avenir nous le dira. Mais une chose est certaine : quelle que soit l'issue de ce feuilleton, elle marquera à n'en pas douter un jalon décisif dans la riche et mouvementée histoire d'Ubisoft.
